Charte

Cette Charte a pour objectif de reconnaître la dignité de la personne âgée devenue dépendante et de préserver ses droits.

Article I – Choix de vie

Toute personne âgée dépendante garde la liberté de choisir son mode de vie.
• Elle doit pouvoir profiter de l’autonomie permise par ses capacités physiques et
mentales, même au prix d’un certain risque. Il faut l’informer de ce risque et en
prévenir l’entourage.
• La famille et les intervenants doivent respecter le plus possible son désir profond.

 

Article II – Domicile et environnement

Le lieu de vie de la personne âgée dépendante, domicile personnel ou établissement, doit être choisi par elle et adapté à ses besoins.
• La personne âgée dépendante ou à autonomie réduite réside le plus souvent dans
son domicile personnel. Des aménagements doivent être proposés pour lui
permettre de rester chez elle.
• Lorsque le soutien au domicile atteint ses limites, la personne âgée dépendante
peut choisir de vivre dans une institution ou une famille d’accueil qui deviendra son nouveau domicile.
• Un handicap mental rend souvent impossible la poursuite de la vie au domicile.
Dans ce cas l’indication et le choix du lieu d’accueil doivent être évalués avec la
personne et avec ses proches. Ce choix doit rechercher la solution la mieux
adaptée au cas individuel de la personne malade.
• Son confort moral et physique, sa qualité de vie doivent être l’objectif constant,
quelle que soit la structure d’accueil.
• L’architecture des établissements doit être conçue pour répondre aux besoins de
la vie privée. Un espace doit être organisé pour favoriser l’accessibilité,
l’orientation, les déplacements et garantir les meilleures conditions de sécurité.

 

Article III – Une vie sociale malgré les handicaps

Toute personne âgée dépendante doit conserver la liberté de communiquer, de se déplacer et de participer à la vie de la société.
• Les urbanistes doivent prendre en compte le vieillissement de la population pour
l’aménagement de la cité.
• Les lieux publics et les transports en commun doivent être aménagés pour être
accessibles aux personnes âgées, ainsi qu’à tout handicapé et faciliter leur
participation à la vie sociale et culturelle.
• La vie quotidienne doit prendre en compte le rythme et les difficultés des
personnes âgées dépendantes, que ce soit en institution ou au domicile.
• Toute personne âgée doit être informée de façon claire et précise sur ses droits
sociaux et sur l’évolution de la législation qui la concerne.

 

Article IV – Présence et rôle des proches

Le maintien des relations familiales et des réseaux amicaux est indispensable aux personnes âgées dépendantes.
• Le rôle des familles, qui entourent de leurs soins leurs parents âgés dépendants
à domicile, doit être reconnu. Ces familles doivent être soutenues dans leurs
tâches notamment sur le plan psychologique.
• Dans les institutions, la coopération des proches à la qualité de vie doit être
encouragée et facilitée. En cas d’absence ou de défaillance des proches, c’est au
personnel et aux bénévoles de les suppléer.
• Une personne âgée doit être protégée des actions visant à la séparer d’un tiers
avec qui, de façon mutuellement consentie, elle entretient ou souhaite avoir une
relation intime.
• La vie affective existe toujours, la vie sexuelle se maintient souvent au grand âge,
il faut les respecter.

 

Article V – Patrimoine et revenus

Toute personne âgée dépendante doit pouvoir garder la maîtrise de son patrimoine et de ses revenus disponibles.
• Elle doit pouvoir en disposer conformément à ses désirs, sous réserve d’une
protection légale, en cas de dépendance psychique.
• Il est indispensable que les ressources d’une personne âgée soient complétées
lorsqu’elles ne lui permettent pas d’assumer le coût des handicaps.

 

Article VI – Valorisation de l’activité

Toute personne âgée dépendante doit être encouragée à conserver des activités.
• Des besoins d’expression et des capacités d’accomplissement persistent, même
chez des personnes âgées qui ont un affaiblissement intellectuel sévère.
• Développer des centres d’intérêt évite la sensation de dévalorisation et d’inutilité.
La participation volontaire à des réalisations diversifiées et valorisantes
(familiales, mais aussi sociales, économiques, artistiques, culturelles,
associatives, ludiques, etc.) doit être favorisée.
• L’activité ne doit pas être une animation stéréotypée, mais doit permettre
l’expression des aspirations de chaque personne âgée. Une personne âgée
mentalement déficitaire doit pouvoir participer à des activités adaptées.
• Les activités infantilisantes ou dévalorisantes sont à rejeter.

 

Article VII – Liberté de conscience et pratique religieuse

Toute personne âgée dépendante doit pouvoir participer aux activités religieuses ou philosophiques de son choix.
• Chaque établissement doit disposer d’un local d’accès aisé, pouvant servir de lieu
de culte, et permettre la visite des représentants des diverses religions.
• Les rites et usages religieux s’accomplissent dans le respect mutuel.

 

Article VIII – Préserver l’autonomie et prévenir

La prévention de la dépendance est une nécessité pour l’individu qui vieillit.
• La vieillesse est un état physiologique qui n’appelle pas en soi de médicalisation.
La dépendance physique ou psychique résulte d’états pathologiques, dont certains
peuvent être prévenus ou traités.
• Une démarche médicale préventive se justifie donc, chaque fois que son efficacité
est démontrée.
• Les moyens de prévention doivent faire l’objet d’une information claire et objective
du public, en particulier des personnes âgées, et être accessibles à tous.

 

Article IX – Droit aux soins

Toute personne âgée dépendante doit avoir, comme toute autre, accès aux soins qui lui sont utiles.
• Aucune personne âgée ne doit être considérée comme un objet passif de soins,
que ce soit au domicile, en institution ou à l’hôpital.
• L’accès aux soins doit se faire en temps utile en fonction du cas personnel de
chaque malade et non d’une discrimination par l’âge.
• Les soins comprennent tous les actes médicaux et paramédicaux qui permettent
la guérison chaque fois que cet objectif peut être atteint.
• Ces soins visent aussi à rééduquer les fonctions et compenser les handicaps.
• Ils s’appliquent à améliorer la qualité de vie en soulageant la douleur, à maintenir la
lucidité et le confort du malade, en réaménageant espoirs et projets.
• L’hôpital doit donc disposer des compétences et des moyens d’assurer sa mission
de service public auprès des personnes âgées malades.
• Les institutions d’accueil doivent disposer des locaux et de compétences
nécessaires à la prise en charge des personnes âgées dépendantes, en particulier
dépendantes psychiques.
• Les délais administratifs abusifs qui retardent l’entrée dans l’institution choisie
doivent être abolis.
• La tarification des soins doit être déterminée en fonction des besoins de la
personne âgée dépendante, et non de la nature du service ou de l’établissement
qui la prend en charge.

 

Article X – Qualification des intervenants

Les soins que requiert une personne âgée dépendante doivent être dispensés par des intervenants formés, en nombre suffisant.
• Une formation spécifique en gérontologie doit être dispensée à tous ceux qui ont
une activité professionnelle qui concerne les personnes âgées. Cette formation
doit être initiale et continue, elle concerne en particulier, mais non exclusivement,
tous les corps de métier de la santé.
• Ces intervenants doivent bénéficier d’une analyse des attitudes, des pratiques et
d’un soutien psychologique.

 

Article XI – Respect de la fin de vie

Soins et assistance doivent être procurés à la personne âgée en fin de vie et à sa famille.
• Certes, les affections sévères et les affections mortelles ne doivent pas être
confondues : le renoncement thérapeutique chez une personne curable constitue
un risque aussi inacceptable que celui d’un acharnement thérapeutique injustifié.
Mais, lorsque la mort approche, la personne âgée doit être entourée de soins et
d’attentions adaptés à son état.
• Le refus de l’acharnement ne signifie pas un abandon des soins mais doit, au
contraire, se traduire par un accompagnement qui veille à combattre efficacement
toute douleur physique et à prendre en charge la douleur morale.
• La personne âgée doit pouvoir terminer sa vie naturellement et confortablement,
entourée de ses proches, dans le respect de ses convictions et en tenant compte
de ses avis.
• Que la mort ait lieu au domicile, à l’hôpital ou en institution, le personnel doit être
formé aux aspects techniques et relationnels de l’accompagnement des
personnes âgées et de leur famille avant et après le décès.

 

Article XII – La recherche : une priorité et un devoir

La recherche multidisciplinaire sur le vieillissement et la dépendance est une priorité.
• Seule la recherche peut permettre une meilleure connaissance des déficiences et
des maladies liées à l’âge et faciliter leur prévention.
• Une telle recherche implique aussi bien les disciplines biomédicales et de santé
publique que les sciences humaines et les sciences économiques.
• Le développement d’une recherche gérontologique peut à la fois améliorer la
qualité de vie des personnes âgées dépendantes, diminuer leurs souffrances et les
coûts de leur prise en charge.
• Il y a un devoir de recherche sur le fléau que représentent les dépendances
associées au grand âge. Il y a un droit pour tous ceux qui en sont ou en seront
frappés à bénéficier des progrès de la recherche.

 

Article XIII – Exercice des droits et Protection juridique de la personne

Toute personne en situation de dépendance doit voir protégés non seulement ses biens mais aussi sa personne.
• Ceux qui initient ou qui appliquent une mesure de protection ont le devoir d’évaluer
ses conséquences affectives et sociales.
• L’exercice effectif de la totalité de leurs droits civiques doit être assuré aux
personnes âgées y compris le droit de vote, en l’absence de tutelle.
• La sécurité physique et morale contre toutes agressions et maltraitances doit être
sauvegardée.
• Lors de l’entrée en institution privée ou publique ou d’un placement dans une
famille d’accueil, les conditions de résidence doivent être garanties par un contrat
explicite, la personne âgée dépendante peut avoir recours au conseil de son choix.
• Tout changement de lieu de résidence ou même de chambre doit faire l’objet d’une
concertation avec l’intéressé(e).
• Lors de la mise en oeuvre des protections prévues par le Code civil(sauvegarde de
justice, curatelle ou tutelle), il faut considérer avec attention que :
• le besoin de protection n’est pas forcément total, ni définitif ;
• la personne âgée dépendante protégée doit pouvoir continuer à donner son
avis chaque fois que cela est nécessaire et possible ;
• la dépendance psychique n’exclut pas que la personne âgée puisse exprimer
des orientations de vie et doive toujours être informée des actes effectués
en son nom.

 

Article XIV – L’information, meilleur moyen de lutte contre l’exclusion

L’ensemble de la population doit être informé des difficultés qu’éprouvent les personnes âgées dépendantes.
• Cette information doit être la plus large possible. L’ignorance aboutit trop souvent
à une exclusion qui ne prend pas en compte les capacités restantes ni les désirs
de la personne.
• L’exclusion peut résulter aussi bien d’une surprotection infantilisante que d’un
rejet ou d’un refus de la réponse aux besoins.
• L’information concerne aussi les actions immédiates possibles.
• L’éventail des services et institutions capables de répondre auxbesoins des
personnes âgées dépendantes est trop souvent méconnu, même des
professionnels.
• Faire toucher du doigt la réalité du problème et sa complexité peut être une
puissante action deprévention vis-à-vis de l’exclusion des personnes âgées
dépendantes et peut éviter un réflexe démissionnaire de leur part.